La mer s’étendait à perte de vue, magnifique et indifférente, mais la plage, elle, portait les stigmates de l’insouciance humaine. Des bouteilles en plastique jonchaient le sable, mêlées à des sacs froissés, des canettes cabossées et même des morceaux de filets de pêche déchirés. Par endroits, des algues couvertes d’ordures s’amoncelaient, prisonnières de déchets que la marée avait rejetés. Une odeur désagréable flottait dans l’air, trahissant la présence de détritus en décomposition.
Malgré ce spectacle affligeant, une bande de garçons s’avançaient sur la plage avec détermination. Ils étaient six, vêtus de shorts et de t-shirts légers, armés de gants et de grands sacs-poubelles. Leur enthousiasme contrastait avec la désolation des lieux.
— Bon les gars, on ne va pas se décourager ! dit Karim, le plus grand du groupe. On se répartit les tâches : Yassine et Hamza, vous ramassez les bouteilles et les plastiques. Rami et Sofiane, occupez-vous des filets et des déchets encombrants. Moi et Amine, on s’occupe du verre et du métal. Ça vous va ?
— Parfait ! répondit Yassine en ajustant ses gants.
— On va rendre cette plage magnifique ! ajouta Rami avec un sourire.
Ils se mirent aussitôt à l’ouvrage. Hamza et Yassine couraient entre les dunes, ramassant chaque morceau de plastique qu’ils apercevaient. Sofiane et Rami tiraient un filet de pêche déchiqueté, à moitié enterré dans le sable. Amine, lui, remplissait un sac entier de canettes écrasées. Chaque déchet ramassé leur donnait un étrange sentiment de satisfaction, comme s’ils contribuaient à réparer une injustice.
— Regarde, cette bouteille a sûrement dérivé pendant des mois avant d’échouer ici ! s’exclama Amine.
— Et dire que si personne ne la ramassait, elle resterait là des années ! ajouta Karim.
Le soleil grimpait lentement dans le ciel, et malgré la fatigue, aucun d’eux ne s’arrêtait. Plus le temps passait, plus la plage reprenait son éclat. Le sable, libéré de ses impuretés, paraissait plus clair, et les vagues venaient désormais caresser une rive propre et accueillante.
Après deux heures d’efforts, les garçons contemplèrent leur travail. L’endroit était méconnaissable : là où s’amoncelaient les détritus, il ne restait plus que le sable doré, parsemé de coquillages et de galets polis par la mer. Un vent léger soufflait, emportant avec lui l’odeur de la saleté, comme pour remercier ces jeunes gardiens de la nature.
— On a fait du bon boulot ! s’exclama Karim, essuyant la sueur de son front.
— Oui, et ce n’est qu’un début, répondit Yassine. Il faudrait que tout le monde prenne conscience de l’importance de garder les plages propres.
Ils sourirent, satisfaits et fiers de leur action. En repartant, ils laissèrent derrière eux une plage transformée, baignée par le soleil et le chant des vagues.
No comments:
Post a Comment